Conférence de presse de rentrée 2013 de l'AGPB

Présentation à la presse par l'AGPB d'un premier bilan de la récolte 2013 et des perspectives de revenu qui en résultent, analyses des scénarios de mise en oeuvre de la PAC 2014/2020 en France (dossier diffusé lors de la conférence de presse du 17 septembre 2013)

En cette période de rentrée, l’heure est  à  l’AGPB au premier bilan de la récolte 2013 et, comme pour l’ensemble des organisations agricoles, à la réaffirmation de ses positions sur la mise en oeuvre nationale de la prochaine PAC. Les deux sujets ne sont pas seulement liés par l’actualité. Au-delà  des informations sur la production, déjà bien diffusées maintenant, le premier bilan que fait l’AGPB de la récolte intègre des paramètres d’évolution des charges et des prix. Cela permet de procéder à une approche du revenu moyen céréalier 2013 et de s’apercevoir que, malgré une production plutôt satisfaisante, celui-ci s’annonce en forte régression par rapport au niveau élevé de l’année dernière. Ainsi le veut le contexte de volatilité de notre secteur, toutes les années ne peuvent ressembler à 2012, les céréaliers sont réalistes.

Mais de ce contexte, il faut tirer l’enseignement qui s’impose : les repères en matière de revenu céréalier doivent intégrer définitivement cette variabilité. C’est ce que demande l’AGPB pour les décisions à prendre en France quant aux règles de calcul des paiements/ha de la PAC 2014/2020. Ce n’est pas le cas avec le scénario 3, à base de paiement redistributif et de convergence intégrale en 2019, présenté par le ministère de l’Agriculture à la profession en juillet dernier.

Ce scénario provoquerait en 2015 une baisse brutale des paiements/ha sur les exploitations céréalières qui pourrait être ainsi très dangereuse, tout particulièrement dans les régions à faible potentiel. Nous répétons donc aux Pouvoirs publics qu'ils ne peuvent privilégier un autre scénario. Nous préconisons de retenir le scénario 2 (sans paiement redistributif, avec convergence à 60% en 2019) qui, pour toutes les productions, apporte une solution progressive et nettement plus équilibrée.

I. Premier bilan de la récolte 2013

1) Avec une production de blé qui atteint son 3ème meilleur niveau depuis 2000 et un rendement légèrement supérieur à la moyenne quinquennale (illustration 1), la récolte 2013 apparaît comme globalement satisfaisante en termes de volume. Elle l’est aussi quant à la teneur en protéines malgré une nouvelle érosion.

A l’échelle des territoires, il existe cependant de forts contrastes dans l’évolution des rendements (illustration 2) et également du taux de protéine, avec, fréquemment, des situations inespérées comme des situations très décevantes, voire problématiques. La performance d’ensemble confirme en tout état de cause la capacité de résilience et de régularité des récoltes à l’échelle du pays dans des conditions compliquées. Elle souligne conséquemment l’aptitude spécifique de notre pays à exporter régulièrement à niveau élevé chaque année.

 

 2) Les données qui remontent du terrain indiquent que les charges/ha de la récolte 2013 en blé dépassent le niveau de 2012, établissant ainsi un nouveau record. La hausse des charges accumulées depuis 2005 absorbe cette année l’équivalent de 60 à 65 € du prix du blé au producteur.

3) En ce qui concerne les prix, nous évaluons à 165€/tonne environ ce qui sera payé en moyenne aux producteurs pour leur blé 2013, contre 215 €/t pour le blé de la récolte 2012 (illustration 4). Cette évaluation à dire d'experts tient compte des prix payés pour le quantités engagées avant récolte. Pour l'ensemble des céréales, la baisse des prix aux producteurs est estimée à 50€/t. Pour les oléagineux, elle serait de 80 à 100€/t.

A 165 €/tonne, le prix du blé au producteur correspondrait à la moyenne des 5 dernières années.

4) Au vu des paramètres qui précèdent, sous réserve bien sûr des incertitudes relatives aux prix et de l’arrivée de données plus complètes quant aux charges, le revenu 2013 des exploitants spécialisés en céréales et d’oléagineux (revenu avant impôts et cotisations sociales des actifs non-salariés) pourrait s’établir au mieux au tiers de son niveau 2012 et à la moitié du revenu moyen des trois dernières années (illustration 5). Il serait du même ordre que celui des éleveurs de bovins (lait et viande).

Cela conforte le constat que notre secteur des céréales et oléo-protéagineux est entré dans une ère de variabilité du revenu. L’enseignement à en tirer est que les repères en matière de revenu dans ce secteur doivent plus que jamais tenir compte de cette variabilité. Ceci doit valoir tout particulièrement en cette période de décision sur l’application de la PAC 2014/2020 en France.

II. Les analyses de l'AGPB sur les scénarios du ministère de l'Agriculture pour l'application de la prochaine PAC

L'AGPB s’est déjà exprimée en tant que telle et dans le cadre d’ORAMA sur les scénarios de mise en œuvre de la nouvelle PAC présentés par le ministre de l’Agriculture le 10 juillet dernier à la profession. Elle a mis en exergue les dangers et la perversité du scénario dit « scénario 3 » (paiement redistributif et convergence à 100 % des paiements de base et paiements verts en 2019), à savoir:

    - brutalité de l’impact diminutif des paiements directs en 2015 pour les exploitations de grandes cultures en général et tout particulièrement dans les zones à faible potentiel,

   - apparition de fortes distorsions de concurrence dans l’UE au détriment des céréaliers français et au profit de leurs confrères allemands notamment (écart de paiement direct entre les deux côtés du Rhin équivalent par tonne de blé à 15/20 €),

   - redistribution significative de crédits de la PAC à des exploitations non professionnelles, avec apparition de verrous à l’évolution des structures,

   - destruction d’emplois sur les exploitations de grandes cultures,

le tout sans régler pour autant les problèmes des éleveurs.

Les graphiques des illustrations 6 et 7, montrés au ministre de l’Agriculture le 19 juillet, font percevoir la brutalité de la diminution des paiements directs dans le scénario 3 par rapport au 2 (sans paiement redistributif, avec convergence à 60 % en 2019).

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