Faire filière brassicole en toutes situations

Ne pouvant tenir leur colloque annuel prévu initialement en avril 2021, les représentants de la filière brassicole française ont tenu à organiser une réunion d’information en Visio conférence autour des enjeux de la filière orges brassicoles, le 5 mars dernier autour du thème « Faire filière brassicole en toutes situation ».

Dans son introduction, Didier Lenoir, Président de la Commission orges de brasserie de l’A.G.P.B. et Président du colloque annuel « orges de brasserie » a tenu à saluer l’esprit constructif des différents acteurs qui participent à l’excellence de la filière brassicole, filière qui traverse actuellement des difficultés du fait de la situation sanitaire dans notre pays, ayant pour impact notamment une baisse de la consommation de bière.

Mais il est nécessaire également pour lui de redonner un intérêt économique aux orges brassicoles pour donner aux producteurs français, l’envie de semer des orges brassicoles à l’automne 2021.

Luc Pelcé, responsable de la filière orges au sein d’ARVALIS, François Gatel, Directeur de France Export Céréales, Maxime Costilhes, Délégué Brasseurs de France et Jean Philipe Jelu, secrétaire général de Malteurs de France ont présenté dans une séquence suivante les chiffres essentiels sur la production française d’orges brassicoles, l’exportation d’orges françaises, la malterie et la brasserie française.

En moyenne, La France produit sur près de 2Mha, 12 Mt d’orges et en exporte plus de la moitié aussi bien sous forme de grains que de malt.

La France produit en moyenne 4 Mt d’orges brassicoles sur plus d’1 Mha d’orges dont 50% d’orges hiver et 50% d’orges de printemps, avec une forte variation des volumes selon les années, allant de 2,5 Mt en 2016 à 5 Mt en 2015 !

20 % des bières brassées dans le monde le sont à partir d’orges de brasserie ou de malt français, ce qui place la France comme un acteur important sur ce marché où les origines potentielles sont peu nombreuses.

La France, premier exportateur de malt !

La France produit 1,5 Mt de malt et en exporte 80 %, ce qui la positionne au premier rang des exportateurs mondiaux de malt, et ce depuis bien longtemps. De plus, les trois malteurs français – Boortmalt (Axereal), Malteurop (Vivescia) et Malteries Soufflet - figurent parmi les quatre premiers malteurs mondiaux, avec une capacité de production globale de plus de 7,5 Mt et des sites de production implantés partout dans le monde.

Une demande chinoise dynamique sur les marchés fourragers et brassicoles

Pour la campagne 2020/21, les prévisions d’exportations d’orges françaises vers les pays tiers sont proches de la moyenne triennale 2017/20, avec toutefois une proportion plus élevée pour les orges brassicoles, portées par une demande chinoise proche du record de 2019/20.

La Chine est structurellement importatrice d’orges. Sur les 10 Mt d’orges qu’elle importe chaque année, 3,5 Mt sont à destination du marché brassicole. Aujourd’hui, pour des raisons d’accords phytosanitaires, la Chine limite le nombre de ses fournisseurs, et la France est l’un des rares pays autorisés à y exporter de l’orge brassicole. La France se substitue pour partie à l’Australie, premier fournisseur historique, qui se voit infliger d’importantes taxes antidumping.

Par ailleurs, la Chine est fortement importatrice de céréales fourragères et les orges d’origine française bénéficient de cette demande.

La séquence suivante était consacrée à la démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de la filière brassicole.

Cécile ADDA pour INTERCEREALES a présenté les objectifs d’une RSE filière, qui l’engage dans une dynamique d’amélioration continue, ouverte et dialoguant avec ses parties prenantes, s’inscrivant dans le cadre des normes et référentiels reconnus au niveau international (norme ISO 26030 – développement durable et responsabilité sociétale dans les filières agricoles et alimentaires). Les 5 axes de la RSE des filières céréalières ont été ensuite passés en revue dans le détail : s’engager collectivement en filière, s’engager pour les écosystèmes et le climat, pour une économie durable et responsable, pour les consommateurs et pour les métiers et les territoires.

A la suite de cette présentation, plusieurs acteurs de la filière ont présenté l’engagement de leur profession dans la RSE avec des exemples précis.

Maxime Costilhes au nom de Brasseurs de France a présenté les principaux engagements de la filière autour de la proximité (en développant par exemple des circuits courts d’approvisionnement), de la préservation des ressources (en continuant à réduire la consommation d’eau en brasserie) et de la circularité (en ayant pour objectif par exemple de tendre vers 100% de bouteilles en verres recyclées en 2030). En 30 ans les brasseurs ont diminué en moyenne leur consommation d’eau de 40% pour la fabrication de la bière.

Jean Philippe Jelu pour Malteurs de France après avoir présenté le process industriel de la malterie qui nécessite de l’eau et de l’énergie a insisté sur la mobilisation des malteurs français pour réduire leurs impacts sur l’environnement à travers l’optimisation des ressources en eau d’une part et la réduction de leurs émissions de CO2 par ailleurs. Grâce aux investissements réalisés au niveau industriel les malteurs français ont ainsi réduit de 20% leur consommation d’eau en 15 ans. 

Enfin François Jacques, agriculteur en Lorraine et membre du bureau de l’AGPB a présenté l’engagement des producteurs dans la RSE au travers de leur engagement dans la transition agroécologique et le déploiement de la certification environnementale. 

La France, dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune (PAC) doit élaborer un Projet Stratégique National (P.S.N.) dans lequel la conditionnalité des aides et le verdissement sont remplacés par une nouvelle conditionnalité des soutiens et la mise en place de l’Eco-régime (ou Ecoscheme). Ce nouveau dispositif représente pour les producteurs un enjeu de l’ordre de 70 à 75€ /ha, soit autour de 10/20€ de la Tonne.

Ne pas pouvoir accéder à ce dispositif, c’est un risque pour la production d’orges de ne plus être rémunératrice ; c’est un risque de baisse des surfaces et de la production rapidement !

Aussi, pour permettre aux producteurs de pouvoir accéder à ces soutiens nécessaires à leur compétitivité, leurs représentants professionnels travaillent depuis plusieurs mois sur la certification environnementale des exploitations agricoles (niveau 2), pour rendre celle-ci éligible ensuite à cet Eco-régime.

La certification environnementale s’inscrit donc dans une logique de responsabilisation des acteurs économiques, à l’image des engagements du secteur industriel.

Du local à l‘international

Dans sa conclusion, Jean François Loiseau, Président d’INTERCEREALES est revenu sur tous les éléments qui font la force de nos filières agricoles : un niveau élevé de production en qualité et quantité, des entreprises de collecte performantes implantées sur tout le territoire.

Cette filière est forte par ailleurs d’avoir les 3 premiers Malteurs mondiaux, des acteurs qui peuvent travailler à la fois au niveau local et au niveau international, car ce qui fait la durabilité de cette filière, c’est sa capacité à continuer de produire en quantité et à créer de la valeur, c’est sa capacité ainsi à avoir des clients en France et à l’international, la consommation nationale ne pouvant assurer seule la pérennité de la filière brassicole.

Il souhaite que l’on n’oppose pas les différents systèmes de production, car la compétition internationale exige que l’on unisse nos forces au niveau national. « C’est « groupés » et non divisés que l’on réussira à surmonter les défis auxquels fait face la filière aujourd’hui.  

Aussi, les sujets à travailler sont la compétitivité - du champ au consommateur - la qualité des productions et des produits transformés.

Enfin, la transition agroécologique et la « décarbonation » des productions sont pour lui autant d‘atouts qui vont valoriser la production d’orges notamment.   

 

randomness