SUPPRESSION DU GLYPHOSATE UN NON SENS ECONOMIQUE, AGRONOMIQUE, ET ENVIRONNEMENTAL

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé le 29 août en marge d’un déplacement en Bretagne, qu’il s’opposerait à la réhomologation européenne de l’herbicide glyphosate. Mais est –ce réellement la voix de la France qui s’exprime ?

"Les agences scientifiques européenne et française ont donné leur accord. Donc on est bien sur un aspect politique et plus sur un aspect scientifique", a déclaré Philippe Pinta à l’AFP.

Aux côtés de la FNSEA, les filières végétales se sont exprimées vivement sur la nécessité de disposer de moyens de contrôle efficaces des adventices. A ce titre, Les présidents de l’AGPB Philippe Pinta, l’AGPM Daniel Peyraube, la CGB Eric Lainé et le FOP Arnaud Rousseau ont adressé un courrier (à télécharger ci-dessous) au Président de la République, au ministre de l’Agriculture et au ministre de la Transition écologique. Les 4 associations spécialisées appellent le réseau syndical, et le réseau économique à se mobiliser et alerter les élus en leur faisant par du non-sens économique, agronomique et environnemental de la position de Nicolas Hulot.

Une procédure de réhomologation européenne mouvementée

Mis sur le marché en 1974, le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde. Il est utilisé dans des situations extrêmement variées : gestion des intercultures courtes et longues, des prairies temporaires, des adventices en cultures pérennes, ou encore pour l’élimination des repousses avant semis. La substance active est à la fois économique,  simple à utiliser et non rémanente. La procédure de réhomologation européenne classique a subi plusieurs rebondissements ces derniers mois. La Commission Européenne, en juin 2016, a décidé in extremis de prolonger de 18 mois son homologation faute de consensus entre Etats membres. Un nouveau vote européen est attendu début octobre 2017.

Plusieurs polémiques ont donné des arguments à charge contre le glyphosate aux Etat membres, c’est le cas notamment avec l’initiative citoyenne européenne (ICE), pétition qui a recueilli plus d’1 million de signatures provenant d’au moins 7 Etats Membres en seulement 6 mois, ou avec l’affaire des « Monsanto Papers » publiée par Le Monde qui a accentué la pression.

Et pourtant l’expertise scientifique est favorable au glyphosate 

Tour à tour, depuis 2 ans, les agences d’expertises scientifiques et indépendantes, comme l’Agence Allemande de sécurité alimentaire (BFR), l’EFSA, l’ANSES, ont rendu des avis favorables à la réhomologation du glyphosate en décrétant l’absence de risque de développement de cancer. A l’instar, de l’Agence Internationale de recherche sur le Cancer (CIRC), elles se sont basées sur une analyse du risque et non du danger. La polémique actuelle savamment entretenue par les environnementalistes se base sur la confusion entre le danger et le risque. Le directeur général de l’ANSES, Roger Genet a rappelé récemment à  l’Assemblée Nationale que le glyphosate est tout autant dangereux pour l’homme que l’alcool ou le tabac. Le rôle des agences scientifiques est d’évaluer non pas le danger mais le risque acceptable permettant l’utilisation du glyphosate. L’alcool et le tabac sont dangereux mais ne sont pas pour autant interdits ! Ce sont des notions complexes à manier pour personnes non initiées à cette sémantique.

1 milliard d’€ d’impact économique pour l’agriculture française par an

Arvalis Institut du végétal a évalué les conséquences du retrait de l’utilisation du glyphosate à un total d’1 milliard d’€ par an pour l’agriculture française ou +70€/ha cultivé.

« Si demain, le glyphosate est supprimé, il faudra le remplacer davantage par du travail du sol, passer plusieurs fois des engins dans la parcelle pour détruire les repousses, les vivaces », indique Jean-Paul Bordes, Arvalis, pointant la consommation de fioul, de matériel et de main-d’œuvre supplémentaires. « Le chardon, le chiendent, le liseron vont faire leur retour dans les cultures et générer des surcoûts de désherbage ».

Au-delà des conséquences économiques, cette décision pourrait avoir un impact significatif d’un point de vue agronomique avec un risque de tassement des sols, responsable de la dégradation physique des sols, d’érosion, la destruction de la biomasse microbienne et petite faune des sols par le retour au labour. Mais c’est également une remise en cause des engagements de la France sur le Réchauffement climatique avec le projet Ambition 4 pour 1000 de la France visant à stocker du carbone (gaz à effet de serre) dans les sols, un engagement de l’Accord de Paris COP21.