Rencontre avec les nouveaux eurodéputés

Quelques jours après la constitution de la nouvelle Commission de l’agriculture du Parlement européen, les représentants des producteurs français de grandes cultures ont rencontré les nouveaux eurodéputés.

Au cours de cette série de réunions organisées par l’AGPB le 24 septembre à Bruxelles, une délégation composée des présidents et directeurs généraux de l’AGPB, l’AGPM, la CGB et la FOP ont rencontré successivement plusieurs parlementaires européens concernés par l’agriculture et le commerce, et issus des groupes politiques centriste (Renew Europe/LREM), socialiste (S&D) et du Parti populaire européen (PPE/LR).

La délégation céréalière française a ainsi pu constater les profonds changements en cours au Parlement européen : 60% des députés effectuent leur premier mandat (80% chez Renew Europe), l’influence française est en baisse, et les équilibres politiques ont profondément changé puisque les partis PPE et S&D, toujours dominants, sont en forte baisse et n’ont plus la majorité à eux deux.

La nouvelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen n’a pas prononcé le mot « agriculture » lors de son discours d’investiture. Elle a fixé comme première priorité le « Green deal » dont un des volets, chapeauté par le Commissaire Frans Timmermans, s’intitule « de la fourche à la fourchette » : l’agriculture en tant que telle n’est plus une priorité politique européenne.

Même si les coordonnateurs de groupes politiques et présidents de commission viennent d’être nommés, le parlement européen est encore en pleine réorganisation et le travail législatif n’a pas encore commencé, les rapporteurs n’étant pas encore désignés pour chaque dossier.

Pour ce qui concerne la future PAC, les objectifs et amendements portés par les nouveaux députés restent encore à préciser, et la Commission de l’agriculture (Comagri) est concentrée sur son premier défi : finaliser la réforme en quelques mois (et non plusieurs années) en travaillant à partir des 3 projets de règlements de la Commission européenne du 1er juin 2018, et ceci en amendant et bâtissant à partir des 3 rapports parlementaires établis en avril dernier par la précédente Comagri.

Au-delà de la PAC, les discussions avec les députés ont également été riches, avec deux thèmes importants pour les années à venir :

-Le commerce international, sur lequel plusieurs députés ont l’intention d’avancer, non seulement pour améliorer ou mettre en échec l’accord Mercosur, mais aussi pour définir ce que pourraient être les règles européennes d’une concurrence internationale loyale, en empêchant l’importation de denrées agricoles ou alimentaires produites avec des méthodes réprouvées par l’Europe (pesticides, déforestation, réchauffement climatique…). Ce qui n’exclut pas de s’attaquer également à l’ouverture à la concurrence internationale du marché européen encore protégé pour certains intrants comme les engrais.

-Le changement climatique, première priorité de l’Europe et opportunité pour l’agriculture qui peut faire état de progrès passés et à venir, et une contribution positive susceptible de mieux légitimer la PAC, son budget et ses paiements. Ce qui nécessite de mettre en avant les scientifiques non seulement pour démonter et chiffrer mais aussi pour imposer un changement méthodologique (approche ACV plutôt que comptabilité ONU) permettant de créditer à l’agriculture son apport réel en termes de stockage de carbone dans les cultures et les sols mais également d’émissions évitées par substitution de carbone fossile dans les autres secteurs (bâtiment via les biomatériaux, transports via les biocarburants etc.)

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